Le numérique prend une place de plus en plus importante dans notre vie : réalité augmentée, objets connectés, intelligence artificielle... En effet, le monde professionnel change également en ouvrant la voix à de nombreux métiers dans l'informatique. De surcroît, les universités proposent de plus en plus de formations diplômantes dans le numérique pour répondre à cette demande. Le secondaire, quant à lui, met en place la matière "Sciences numériques et Technologie" afin d'accompagner les élèves dans la pratique d'Internet. Point primordial puisque les recherches documentaires pour les devoirs demandés se font presque exclusivement sur la toile. Il est facile alors de faire du copier-coller sans se soucier de mentionner ses sources.

Les universités mettent un point d'honneur à sensibiliser au plagiat dans les écrits de leurs étudiants. Mais qu'en est-il dans le secondaire ? La nouvelle réforme des lycées ne serait-elle pas le bon levier pour enfin aborder les sujets d'intégrité, de droit d'auteur, de pratiques de citations et de plagiat avec les lycéens ?

 

Prévention plagiat dans le secondaire, on attend quoi ?


Réflexes et valeurs à acquérir tôt

Les enseignants préparent les élèves à la vie professionnelle. Pour cela, ils transmettent des savoirs et des valeurs. En d'autres termes, les savoirs relèvent du savoir-faire et les valeurs du savoir-être. C'est ce qui est évalué lors d'un entretien d'embauche par exemple. Il est donc important de ne pas négliger l'apprentissage des valeurs,  surtout l'intégrité, le respect et l'honnêteté. Dans cet objectif, les enseignants doivent aborder les thèmes de normes de citations, de respect du droit d'auteur et de citation des sources. En effet, quand les bonnes habitudes sont assimilées tôt, elles deviennent naturelles et faciles à appliquer.


Chiffres à prendre en compte

Lors d'une recherche documentaire, presque tous les élèves utilisent Internet pour seul support de recherche.

détection plagiat secondaire

Source : Réseau Canopé, "Le plagiat dans le secondaire : état des lieux"

 

De plus, Le Parisien.fr dévoile (dans son article "Le plagiat, nouvelle plaie des examens" ) que "près de 75 % des lycéens ont déjà eu recours au copier-coller, et 58 % ont avoué avoir triché d'une manière ou d'une autre".

 

Cas de plagiat avérés dans le secondaire

> Éloyse Meunier a plagié dans son rapport de stage. Elle n'a pas obtenu son baccalauréat professionnel SAPAT (services aux personnes et aux territoires) et les notes de ses 3 dernières années d'études ont été effacées.

Source : La Nouvelle République, "Lycéenne accusée de plagiat : la fraude est confirmée".

 

> Robin Desquiens a appris par cœur son cours de philosophie. Lors de l'épreuve, il a su faire appel à sa mémoire pour retranscrire sa leçon. Cependant, il s'est approprié "des passages entiers d'un article d'Eric Delassus, professeur de philosophie agrégé." Surtout, l'absence de source a été mis en évidence par son examinateur.

Source : RTL.fr, "Bac 2019 : soupçonné de fraude, un élève modèle convoqué en commission disciplinaire".

 

Le supérieur intransigeant

7 établissements du supérieur sur 10 utilisent un logiciel anti-plagiat et ce phénomène prend de l'ampleur. Toutes les enseignements sont concernés par le plagiat : écoles de commerce, écoles paramédicales, instituts de génie civil, écoles d'ingénieurs, écoles de droit...

La prévention du respect du droit d'auteur ne s'arrête pas là. Beaucoup d'universités ont mis en place des outils de communication :

  • Affiches de prévention > pour rendre leur démarche visible aux yeux de leurs étudiants et enseignants
  • Page dédiée au plagiat sur leur site internet > pour centraliser les informations
  • Chartes anti-plagiat signées par les étudiants > pour instaurer un contrat sur l'honneur
  • Formations > pour échanger sur le sujet et bien comprendre ce qu'est le plagiat et comment l'éviter

Chaque université choisi la ou les manières d'aborder le sujet mais toutes ont un objectif commun : valoriser l'obtention du diplôme en garantissant l'intégrité dans les écrits.

 

La sensibilisation au plagiat dans un contexte de réforme

La réforme des lycées et du baccalauréat met en avant le numérique avec l'introduction de la matière SNT et renforce la démarche de travail personnel avec le Grand Oral qui se prépare désormais sur 2 années.

Dans le cadre de cette réforme, les séries L, ES et S sont remplacées par des spécialités. Ensuite, face à un jury, le lycéen s'exprime à l'oral pour obtenir son baccalauréat. Et enfin, l’obtention du diplôme ne repose plus uniquement sur cet examen mais sur un travail assidu tout au long de l'année avec le contrôle continu.

 

Un cours précisément pour aborder le plagiat

Les lycéens se familiarisent avec leur nouvelle matière digitale, "Sciences Numériques et Technologiques". Elle fait désormais partie intégrante du programme de seconde, à raison de 1h30 de cours par semaine. Pour les élèves de première et terminale, la matière change de nom, "Numérique et Sciences Informatiques", et devient une spécialité. Elle est dispensée pendant 4h puis 6h par semaine.

 

Le Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer, a déclaré en août 2019 sur France Inter que "cette nouvelle discipline est une innovation majeure pour la France. Nous devenons le pays qui inscrit l'informatique comme une discipline à part entière à l'âge de 16 ans. C'est unique au monde et c'est extrêmement important".

Reportage de Jean-Michel Blanquer, Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse sur France Inter 

 

Ce qui est sur le Net n'est pas toujours juste, il faut apprendre à trouver des sources fiables. De plus, les informations en libre accès ne sont pas toujours libres de droits. Afin de respecter le droit d'auteur, ces matières permettent d’acquérir de bonnes méthodes pour la rédaction d'un travail. Ces connaissances servent également pour d'autres enseignements qui demandent la rédaction de contenus.

 

L'objectif de cette matière est "d'adopter un usage réfléchi et raisonné des technologies numériques dans la vie quotidienne ou professionnelle"

Article mis à jour en avril 2019 : "Les nouveaux programmes du lycée général et technologique à la rentrée 2019" du site education.gouv.fr

 

Voici des exemples de sujets indispensables à intégrer dans ce cours :

Compilatio intervient dans le secondaire pour partager son expertise lors de formations intégrées dans un cours.

 

 

Des épreuves écrites à préparer

Les contrôles sont toujours présents dans le secondaire afin d'évaluer de la qualité de travail de l'élève tout au long de l'année. Les lycéens rédigent des devoirs maisons, des dissertations, des exposés, des rapports, des travaux pratiques... Dans tous ces écrits, le plagiat peut s'y glisser. Il est de la responsabilité de l'équipe pédagogique de ne pas laisser aux élèves l’option de facilité en volant le travail d'autrui : ils doivent trouver des solutions alternatives face à un problème et apprendre à réfléchir par eux-mêmes. C’est ce qu’on leur demandera tout au long de leur vie.

 

 

L'importance du contrôle continu

Les devoirs notés sont valorisés et comptabilisés pour l'obtention du bac. Cela permet aux enseignants d'accompagner les élèves et de rectifier les mauvais réflexes rapidement. La démarche pédagogique prend une nouvelle dimension pour que les lycéens puissent développer les compétences demandées.
Autrement dit, c'est le rôle des enseignants de profiter de ces rendus intermédiaires pour corriger les mauvais comportements et affiner les compétences en termes de recherches documentaires et de "rédaction responsable".

 

 

Toujours plus de supports et outils numériques

Le nombre d'ordinateurs et de tablettes dans les écoles est exponentiel. Dès la maternelle, on apprend à taper sur un clavier. Les outils numériques sont appréciés mais facilitent le copier-coller. La fonction "Ctrl C + Ctrl V" est bien connue. Il faut donc en apprendre son bon usage dès les premières manipulations.

De plus, le nombre d'établissements du secondaire mettant en place des plateformes numériques telles que Moodle est croissant. Bonne nouvelle : elles permettent une meilleure sensibilisation au plagiat avec ds outils directement intégrés et accessibles.

 


 

Nous l'avons donc compris, le numérique prend sa place dans le secondaire. Il sera de plus en plus présent et adapté en fonction du développement des nouvelles technologies. Les enseignants doivent dès lors apprendre à leurs élèves une pratique responsable de cet outil. De même, les élèves d'aujourd'hui sont les étudiants de demain et les professionnels d'après-demain. Les valeurs d'intégrité et de respect seront primordiales dans leur vie professionnelle. Alors, la prévention plagiat dans le secondaire, on attend pas, on agit le plus tôt possible.


 

Notre résumé de l'article en infographie