Un an après la généralisation de ChatGPT auprès du grand public, l’heure est au premier bilan. Compilatio et l'Institut de sondage Le Sphinx dévoilent les résultats de leur enquête menée auprès de 5600 enseignants et étudiants d'universités françaises. Découvrez les regards croisés des acteurs de l'enseignement supérieur sur les IA génératives de textes : entre usages et perceptions d’usages, peurs, besoins et projections pour une évolution positive de l’apprentissage.

Les objectifs de cette enquête sont de : 

  • mesurer factuellement les usages des IA génératives dans l’enseignement,
  • comprendre les motivations d’utilisation de ces outils,
  • appréhender les dimensions éthiques liées aux intelligences artificielles telles que ChatGPT.
     

Sommaire : 

- Les chiffres clés de l'enquête
Les enseignants surévaluent les usages de l’IA
Les étudiants s’appuient sur l’IA pour…
Visions d’enseignants et d’étudiants pas si divergentes
Des remises en question nécessaires
Détails sur la réalisation de cette enquête

 

Les chiffres clés de l'enquête
 

  • Déjà la moitié (55 %) des étudiants déclarent utiliser un outil d’IA générative au moins occasionnellement. 
  • 9 enseignants sur 10 (88 %) pensent que les étudiants ont recours aux intelligences artificielles pour leurs travaux. 
  • 51 % des étudiants utilisent des outils générateurs de contenus pour mieux appréhender certains sujets.
  • 1 étudiant sur 2 utilise l'IA comme source de documentation. Mais seulement 2 % la considèrent comme la plus importante.
  • 76 % des enseignants et 65 % des étudiants se rejoignent sur le fait que l’usage de l’IA dans le cadre de la réalisation de devoirs ou d’examens relève de la triche.
  • Près de 2/3 des enseignants et étudiants partagent le même avis et sont contre l’interdiction de l’IA.
  • 93 % des enseignants et 79 % des étudiants estiment qu’il faut mettre en place des mesures pour réglementer l’utilisation de l’IA générative de texte dans l’enseignement.
  • 2 enseignants sur 3 (65%) n’utilisent pas d’IA génératives, dont 1 enseignant sur 10 (9 %) qui ne connaît pas du tout ces outils.
  • 63 % des enseignants pensent que l’IA permet aux étudiants d’obtenir de meilleures notes et près de la moitié (47 %) des étudiants utilisateurs de l’IA affirment qu’ils ont de meilleures notes grâce à son utilisation.
Les enseignants surévaluent les usages de l'IA

Les enseignants surévaluent-ils les usages de l'IA ?

Selon leurs déclarations, les étudiants sont déjà la moitié (55 %) à utiliser un outil d’IA générative au moins occasionnellement. Pour autant, 9 enseignants sur 10 (88 %) pensent que les étudiants ont recours à ces intelligences artificielles pour leurs travaux. 

L’écart de perception est encore plus important quant à la réutilisation des textes générés par IA. 80% des enseignants pensent que leurs étudiants copient-collent tout ou partie les contenus IA directement dans leurs rendus. En fait, les étudiants sont seulement 9% à déclarer le faire. 

 

Compilatio Magister+, détecteur de plagiat par IA

Pour vérifier les affirmations des étudiants dans cette enquête, Compilatio a analysé aléatoirement 1000 documents d'étudiants soumis aux logiciels Compilatio entre avril et juillet 2023. L'objectif était de déterminer combien de ces documents contenaient du texte généré par une intelligence artificielle. Les résultats confirment les déclarations des étudiants. 53% des documents contenaient des textes IA, ce qui correspond grandement à la déclaration des 55% d’étudiants affirmant utiliser occasionnellement des outils d'IA générative.

Ces mesures de pourcentage de travaux avec de l'IA et de part de contenus IA au sein des travaux sont rendus possible grâce au logiciel Compilatio Magister+, commecialisé depuis septembre 2023. Il analyse automatiquement la quantité de textes suspects dans les travaux. L’enseignant peut alors identifier les passages sur lesquels un doute plane, et interroger les étudiants, pour confirmer s’ils maîtrisent ou non leur sujet. 

 

Les étudiants s'appuient sur l'IA pour…
 

… mieux comprendre un sujet ? Oui

La tâche à laquelle servirait surtout ChatGPT pour les étudiants est l’aide à la compréhension : 51 % des étudiants utilisent des outils générateurs de contenus pour mieux appréhender certains sujets.

Compilatio aide les établissements d’enseignement dans cette mission pédagogique

… rédiger à leur place ? Pas vraiment …

L’IA n’aurait ainsi pas pour rôle premier d’être un “rédacteur pur”. À ce jour “seulement” 2 étudiants sur 5 (43 %) déclarent utiliser l’IA comme tel, parmi lesquels 28 % “prennent la peine” de reformuler avant d'intégrer le contenu dans leurs travaux. L’IA aurait plutôt le rôle “d’assistant à la rédaction” pour améliorer la syntaxe et reformuler un texte écrit. Les étudiants sont d’ailleurs 75 % à penser que cet usage-là est acceptable (67 % des enseignants sont du même avis).
La question est maintenant entière : pourquoi les étudiants reformulent les contenus générés par IA? Pour berner correcteurs et détecteurs ou pour s’approprier la connaissance ? Toujours est-il qu’ils devraient citer leurs sources en vérifiant sa véracité et son sérieux ! Compilatio accompagne les établissements d’enseignement dans cette mission pédagogique en les aidant à bâtir une politique antiplagiat solide et pérenne

 

… faire leur recherche documentaire ? Non

Les outils d’IA générative ne viendraient pas non plus remplacer les moteurs de recherche. Malgré le succès fulgurant de l’IA, les étudiants déclarent encore à 77 % utiliser les moteurs de recherche comme principale source de documentation. Pour 1 étudiant sur 2, l'IA est une source de documentation. Mais seulement 2 % la considèrent comme la plus importante. 

Principales sources de documentation

Étonnamment, enseignants et étudiants partagent des points de vue similaires

Les usages d’IA génératives ne divisent pas toujours les enseignants et les étudiants. L’enquête met en avant plusieurs points de convergences

  • les enseignants (76 %) et les étudiants (65 %) se rejoignent sur le fait que l’usage de l’IA relève de la triche dans le cadre de la réalisation de devoirs ou d’examens ; 
  • presque tous (90 %) les étudiants utilisateurs d’IA affirment qu’elles leur font gagner un temps considérable et 80 % des enseignants comprennent bien que ce soit le cas ;
  • près de 2/3 des enseignants et des étudiants partagent le même avis et sont contre l’interdiction de l’IA ;
  • les deux groupes partagent leurs inquiétudes au sujet des impacts de l’IA sur l’avenir de l’apprentissage : 72 % des étudiants et 81 % des enseignants se déclarent inquiets. 
évolution de l'apprentissage avec l'IA

Des remises en question nécessaires pour une évolution positive de l'apprentissage

Les chiffres montrent que l’utilisation d’intelligences artificielles génératives de texte va augmenter. Parmi les étudiants qui ne les utilisent pas encore, 6 % pensent qu’ils vont les utiliser à l’avenir et parmi ceux qui les utilisent déjà, 19 % affirment qu’ils vont le faire de plus en plus.

Vers une compréhension plus fine des tentations d’utilisation…

Au vu de certains témoignages d’étudiants, repenser les méthodes d’apprentissage et d’évaluation semble primordial. L’utilisation de ChatGPT est-elle corrélée avec la perception de l’utilité de la tâche demandée ?
 

[En utilisant ces outils d’IA, je cherche] un gain de temps pour rédiger des paragraphes longs et bien construits notamment pour des travaux fastidieux sans grand intérêt pratique.
Etudiant - 18-21 ans - Sécurité, environnement.

“[En utilisant ces outils d’IA, je cherche] Des réponses rapides à des questions qui nécessitent beaucoup de rédaction et d'imagination, mais qui n'interviennent pas dans l'apprentissage de la matière ou de la filière. Par exemple, je suis élève ingénieur, en conception et innovation. Quand mon travail d'anglais nécessite d'inventer une histoire digne d'un récit de collégien, ChatGPT le fait pour moi, je préfère me consacrer aux travaux et projets avec plus d'enjeux pour ma carrière.”
Etudiant - 18-21 ans - Mécanique, électronique, maintenance.

nouvelles méthodes d'apprentissage

Des opportunités d’apprentissage à saisir

69% des étudiants et 63% des enseignants déclarent que l’IA apporte de nouvelles méthodes d’apprentissage et de développement de compétences. 

“Il ne faut pas faire du copié-collé bêtement : ça reste du plagiat ! Au contraire, il faut prendre cela comme un outil pour gagner en productivité, mais sans perdre "d'humanité" dans les rendus : c'est une aide, pas un remplacement de l'humain”
Étudiant - 18-21 ans - Économie, gestion et management

La nécessité de sensibiliser et de former

Quand ils sont interrogés sur les risques, les étudiants et les enseignants soulèvent les mêmes limites de ChatGPT : plagiat, violation du droit d’auteur, désinformation, altération de l’esprit critique…

“On risque de ne plus être capable d'aller chercher les ressources soi-même, de manquer d'esprit critique, car ce que génèrent les IA n'est pas pas la vérité pure, c'est faillible, influençable par les travers humains. De nombreux exemples peuvent le montrer, même si c'est en constante amélioration.”
Étudiant - 18-21 ans - Ingénierie.

“La disparition de la capacité de rédaction des étudiants et leur trop grande confiance dans les savoirs publiés en ligne amenant à la disparition d'un esprit critique constructif et créatif.
Enseignant - 55-64 ans - Économie, gestion et management.

Pour autant, côté étudiants :

  • 28 % considèrent que c’est acceptable de se servir de l'IA pour rédiger des paragraphes de leur devoir à leur place ;
  • ils considèrent que c’est moins grave de tricher en utilisant l’IA qu’en utilisant des contenus rédigés par des humains ;
  • certans pensent encore que reprendre des textes d’IA ou d'humains n’est pas répréhensible (3 %).

Et côté enseignants : 

  • “Quand même” un quart des enseignants (25 %) trouvent acceptable que leurs étudiants rédigent des paragraphes avec l’IA
  • Plus de la moitié (53 %) des enseignants pensent qu’il est tout à fait acceptable qu’un étudiant génère un 1er jet de travail avec l’aide de l’IA.
  • 2 % des enseignants pensent encore qu’aucune des pratiques suivantes n’est répréhensible
    • faire rédiger un devoir par quelqu’un
    • copier-coller un texte généré par IA
    • copier-coller un texte rédigé par un humain
    • recopier un devoir d’une année précédente,
    • faire réécrire par une IA un texte copié sur Internet
    • reformuler un texte généré par IA, 
    • faire réécrire par une IA un texte rédigé soi-même, 
    • faire corriger un texte par un correcteur orthographique. 
  • 2 enseignants sur 3 (65 %) n’utilisent pas d’IA génératives, dont 1 enseignant sur 10 (9 %) qui ne connaît pas du tout ces outils.
    Ne serait-ce pas là une étape primordiale que les formateurs s’approprient eux-mêmes ces nouveaux outils pour être en mesure de sensibiliser et d’éduquer aux bonnes pratiques ? 

Ces chiffres révèlent un grand besoin de sensibilisation et de formation, tant auprès des étudiants que des enseignants. Aujourd’hui Compilatio rassemble les expériences et retours terrains de sa communauté et conseille les établissements sur les bonnes pratiques à mettre en place. Dès 2024, des modules de formations adaptés verront le jour, en plus de ceux déjà existants au sujet du plagiat.
 

La nécessité d’encadrer et de contrôler

93 % des enseignants et 79 % des étudiants estiment qu’il faut mettre en place des mesures pour réglementer l’utilisation de l’IA générative de texte dans l’enseignement. 
Même chose pour la mise à disposition d’outils de contrôle. 63 % des enseignants pensent en effet que l’IA permet aux étudiants d’obtenir de meilleures notes et près de la moitié (47 %) des étudiants utilisateurs de l’IA affirment qu’ils ont de meilleures notes grâce à son utilisation.

Il devient important d’équiper les établissements de logiciels d’aide à la correction et à la détection pour répondre à ce genre de craintes : 

“Ne pas pouvoir différencier ce qui est produit par l'étudiant de ce qui provient de l'IA, pour des évaluations notamment.”
Enseignant  - 35-44 ans - Santé et social.

“Un professeur ne peut pas trouver le plagiat et que l'étudiant ait une note qu'il ne mérite pas
Enseignant  - 55-64 ans - Économie, gestion et management.

“Quand tu passes une journée à faire le travail normalement avec un moteur de recherche, comparaison de sources, etc., et que ton camarade le plie en 1h avec ChatGPT, c'est assez déprimant. Surtout lorsqu'il obtient une note supérieure, pour quoi s'embêter éthiquement?”
Étudiant - 18-21 ans - Ingénierie.

 

Le logiciel de détection des textes générés par IA Compilatio Magister+ permet de garantir l’égalité de traitement lors du processus d’évaluation, de responsabiliser les étudiants et d’encourager les comportements éthiques

 

 


 

Détails sur la réalisation de cette enquête


Partenaires de l’enquête
 

  • Compilatio
    Entreprise spécialiste de la prévention et détection du plagiat depuis 2005. Présente dans une quarantaine de pays, elle équipe plus de 800 établissements académiques avec ses logiciels et les accompagne dans leur démarche antiplagiat.
  • Le Sphinx
    Editeur de logiciels d’enquêtes et institut d’études, c'est le référent dans le monde des études depuis 35 ans. Sa force repose sur l'alliance de l'expertise de son Institut et de la puissance de ses solutions logicielles. Son offre innovante et performante mixant le Quanti, le Quali et le Conseil, permet à ses clients de retirer un maximum d’informations dans les projets d’études et de leur donner les moyens d’agir.
  • Université de Lyon
  • Université d'Aix-Marseille


Protocole d’administration
 

  • La construction de l’étude s’est faite autour de deux questionnaires « jumeaux », l’un destiné aux étudiants et l’autre aux enseignants. Les étudiants sont amenés à autoévaluer leurs comportements. Les enseignants, eux, sont invités à apprécier a priori le comportement de leurs étudiants.
  • Le déroulement de l’enquête suit le cheminement suivant :
    • Utilisation des différents outils d’IA génératives de textes
    • Rapport aux outils d’IA génératives de textes
    • Craintes liées aux outils d’IA génératives de textes
    • Opportunités liées aux outils d’IA génératives de textes
    • Rapport entre l’IA et l’enseignement
    • Acceptabilité de l’usage des outils d’IA pour la rédaction d’un devoir
    • Pratiques répréhensibles
    • Points de vues
    • Identité des répondants
  • Pour l’administration de l’étude, plusieurs e-mails ont été diffusés via chacun des partenaires :
    • aux “contacts Le Sphinx” de l’enseignement supérieur français
    • aux “contacts Compilatio” de l’enseignement supérieur français
    • aux étudiants par des enseignants et des responsables de formation, toujours dans l’enseignement supérieur.
  • En tant que partenaires, les universités de Lyon et Marseille ont été particulièrement actives dans la diffusion de l’enquête. L’échantillon constitué est composé d’individus parfaitement concernés et représentatifs du sujet de l’étude. Chaque message contenait un lien vers le questionnaire approprié (étudiants ou enseignants). La collecte des réponses s’est effectuée entre le 21 juin et le 15 août 2023. Le grand nombre de répondants (1 242 enseignants et 4 443 étudiants) nous permet d’assurer des résultats statistiquement significatifs.
  • L'analyse a été menée conjointement par Le Sphinx et Compilatio. Compte tenu de notre parti pris, nous avons mis un point d'honneur à ne pas porter de jugement trop “orienté” sur les résultats de cette étude. L’analyse des résultats reste volontairement factuelle. Libre à chacun d’interpréter ces données selon sa sensibilité et de tirer ses propres conclusions.

 


 

Pour compléter l'analyse
 

 

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